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Nous pouvons maintenant constater que la Ruche Populaire est économique dans la méthode qui lui est appliquée, comme dans sa construction dont nous avons parlé précédemment.
Elle est économique parce qu’elle supprime la cire gaufrée, parce qu’elle nous fait gagner beaucoup de temps, parce qu’elle ménage la santé des abeilles.
La cire gaufrée est chère. Le temps nécessaire pour la mettre en place est aussi à considérer.
L’apiculteur doit placer, dans chaque cadre de ses ruches, 4 ou 5 crochets, puis réunir ces crochets par un fil de fer. Tout cela doit être bien menu, bien tendu et doit tenir cependant. Pour fixer une feuille de cire dans le cadre, l’apiculteur fait chauffer un éperon, assez pour arriver à noyer le fil de fer dans la cire, pas trop pour ne pas couper cette feuille de cire. Quand il coupe une feuille de cire, ce qui arrive aux plus habiles, l’apiculteur jette cette feuille à la fonte et recommence l’opération avec une autre feuille. Si l’apiculteur se soucie de la vigueur de ses abeilles, il devra renouveler toute la cire de ses ruches tous les trois ans, soit un tiers chaque année.
Il est évident que ce travail entraîne un débours considérable et surtout une dépense de temps importante. Or, nous devons chercher à diminuer le prix de revient du miel. Que faire ? Supprimer purement et simplement la cire gaufrée.
Mais des apiculteurs affirment que l’emploi de la cire gaufrée est une économie, qu’elle assure la régularité des rayons et qu’elle supprime les bourdons.
Je sais bien que lorsqu’on fait bâtir des rayons aux abeilles hors saison, les abeilles font pour cela une dépense considérable de miel. Donnerait-on aux abeilles de la cire gaufrée, que la dépense serait encore trop forte pour être possible dans un rucher de rapport. La cire gaufrée n’est qu’un faible apport pour la construction des rayons et encore, les abeilles la transforment souvent avant de l’utiliser. Que l’on emploie la cire gaufrée ou qu’on ne l’emploie pas, il n’y a qu’une époque où l’on puisse faire construire des rayons aux abeilles, c’est celle de la miellée. Or, pendant la miellée, l’abeille se fatigue tant qu’elle doit consommer plus, l’abeille s’agite tant qu’elle ne peut ne pas transpirer. Or, la sueur de l’abeille c’est de la cire qu’elle peut utiliser dans la construction des rayons, qui serait perdue si elle n’avait pas de rayons à construire.
Ainsi, le laboureur transpire, sans le désirer, pendant le dur travail de la moisson, sous le soleil le plus chaud de l’année. Si sa santé demande une transpiration en une autre saison, le même laboureur devra, au contraire, pour l’obtenir, user de boissons appropriées et coûteuses.
Comme conclusion à des expériences pratiques d’apiculture, Georges de Layens a écrit : « Il y a avantage, toutes choses égales d’ailleurs, à permettre aux abeilles de construire. »
Et à l’appui de cette affirmation, il cite cette phrase de l’abbé Delépine :
« Étant donné deux ruches de même force et deux hausses de même capacité, l’une garnie de feuilles gaufrées, l’autre derayons vidés à l’extracteur, laquelle sera remplie la première ? A priori, il semble que la seconde devra être en avance sur la première, les abeilles n’ayant, en réalité, qu’à remplir les alvéoles de miel et à les cacheter ; les expériences que j’ai faites avec le plus grand soin m’ont cependant donné un résultat contraire. »
Quant à la régularité des rayons, elle est rarement obtenue avec la cire gaufrée. La feuille de cire gaufrée, quand elle est dans la ruche, supporte des températures inégales, plus chaudes dans le haut, plus froides dans le bas — et avant qu’elle ait été épaissie, fortifiée par les abeilles. Le rayon bâti par les abeilles, au contraire, n’est allongé qu’au fur et à mesure des besoins et il est entièrement couvert d’abeilles, il se trouve donc entièrement dans la même température. D’ailleurs, les abeilles ne prolongent pas le rayon sans le terminer, sans lui donner son épaisseur normale : le rayon est donc plus résistant et il pourrait subir des variations de température s’il y avait lieu. La cire gaufrée, il est vrai, met de l’ordre dans la ruche et oblige les abeilles à construire dans le sens des cadres. Or, nous obtenons le même résultat, et plus économiquement, avec une simple amorce d’un demi-centimètre en cire brute.
La cire gaufrée ne saurait davantage trouver sa raison d’être dans la suppression des bourdons.
La reine (une dans chaque ruche) n’est fécondée qu’une fois dans sa vie, de 4 à 5 ans. La nature n’a pu prévoir des milliers de bourdons, chaque année, pour cette fécondation. Les bourdons ont donc une autre mission utile dans la ruche.
Dans mon enfance, je n’ai jamais entendu parler de mâles, de bourdons. Mon père, comme les voisins, les appelait « couveux ». Jepense aussi que la mission ordinaire des bourdons, c’est de chauffer le couvain pendant que les abeilles vont aux champs. J’en vois la preuve dans les faits suivants :
Les abeilles ne suppriment pas les bourdons quand leur jeune reine a été fécondée. Elles les suppriment quand la miellée est terminée, quand elles n’ont plus besoin de sortir.
Les bourdons ne sortent de la ruche, en dehors de la fécondation de la reine, que lorsque la température est très chaude, aux heures les plus chaudes de la journée, c’est-à-dire quand le couvain n’a pas besoin d’être chauffé.
J’ai toujours constaté que les ruches les plus productrices possédaient beaucoup de bourdons.
Je ne suis donc pas d’avis de chercher à diminuer le nombre des bourdons.
En tout cas, la cire gaufrée ne les supprime pas. Les abeilles trouvent le moyen de fournir à la reine le nombre de cellules de bourdons qu’elle désire. Elles en bâtissent dans les coins des cadres ; au besoin, elles agrandissent les cellules d’ouvrières pour en faire des cellules de bourdons. Et ceci au beau milieu de la feuille de cire gaufrée. D’ailleurs, la reine pond parfois des œufs d’ouvrière dans les cellules de bourdons.
Les manuels apicoles modernes recommandent la visite de printemps pour quatre motifs : constater la présence de la reine ; vérifier l’état des provisions ; nettoyer les cadres et enfin procéder au renouvellement des rayons.
On peut constater la présence de la reine sans ouvrir la ruche. Il y a certainement une reine dans la ruche si les abeilles apportent dupollen, si leurs allées et venues sont normales, régulières, si elles ne se montrent pas inquiètes, si elles ne paraissent pas rechercher quelque trésor perdu : leur reine.
Les provisions sont certainement suffisantes si on les a complétées à l’automne, comme il est recommandé.
Mais on ne peut se dispenser, dans les ruches modernes, de procéder au nettoyage des cadres. Pour cela, il est nécessaire de prendre tous les cadres un à un, de gratter les bois sur toutes leurs faces pour enlever la propolis. Si on ne fait pas ce travail tous les ans, les cadres adhèrent aux parois de la ruche, et après deux ou trois ans il deviendra impossible de les sortir sans les briser et sans écraser beaucoup d’abeilles, la reine peut-être.
Il est nécessaire de renouveler les rayons tous les trois ans, quatre ans au plus. Sinon, les pellicules que les abeilles laissent dans la cellule à leur naissance diminuent le volume de la cellule. Les abeilles qui y naissent par la suite ne peuvent s’y développer complètement : ce sont des abeilles atrophiées, incapables de fournir un grand travail, très aptes au contraire à contracter toutes les maladies qui menacent leur race.
Dans les différentes opérations de l’année, on n’a pas toujours pu placer les vieux cadres aux extrémités, de la ruche. On en a été empêché par la présence du miel et du couvain, car le couvain doit toujours être groupé et le miel doit toujours se trouver au-dessus ou à côté du couvain. Il arrivera donc souvent qu’au printemps, on devra déplacer les vieux cadres avant de pouvoir les enlever. Ce sera une nouvelle complication de la visite de printemps.
Pendant cette opération, on peut écraser la reine entre lesmontants des cadres et les parois de la ruche. Ou bien, quand on remet dans la ruche le cadre portant la reine, les abeilles, heureuses de retrouver leur reine un moment absente, s’empressent autour d’elle, l’entourent, l’enserrent et souvent l’étouffent. Les trois quarts des orphelinages au printemps sont la conséquence de la visite de la ruche.
En tout cas, le nettoyage des cadres et l’enlèvement des vieux cadres devra se faire au printemps, en avril dans notre région, parce qu’à cette époque on sera moins gêné par le couvain, qui n’est pas encore très développé.
Or, en avril, la température n’est pas élevée. Par ailleurs, il est évident que le travail de cette visite de printemps prendra un certain temps. Aussi je n’hésite pas à affirmer qu’un seul homme ne trouvera pas, chaque année, assez de journées ensoleillées en avril pour faire cette visite, de 11 heures à 14 heures, dans cinquante ruches.
Pour éviter cette visite de printemps, nous avons formé notre Ruche Populaire de hausses superposées, nous agrandissons par le bas et nous récoltons par le haut. Toutes les hausses passent dans nos mains, l’une après l’autre, tous les trois ou quatre ans. Nous en profitons pour les nettoyer et remplacer les rayons, quand nous en avons le temps, en hiver, dans notre laboratoire.
Au printemps, nous n’avons qu’à nettoyer le plateau, mais sans ouvrir la ruche, sans avoir à nous occuper de la température extérieure, sans avoir à craindre l’écrasement de la reine. On peut faire ce travail par toute température et à toute heure du jour.
Si l’abeille prospère mieux dans une petite ruche en hiver et au printemps, en été elle a besoin d’être au large. Mais, d’une part, il y a refroidissement plus considérable de la ruche et arrêt dans la ponte du couvain si l’agrandissement est fait tôt. D’autre part, si l’agrandissement est fait tard, l’abeille a préparé l’essaimage et rien ne l’empêchera d’essaimer. L’essaim sera peut-être perdu ; en tout cas, la récolte de miel sera compromise. De bons manuels ont donné ce sage conseil : placer d’abord une hausse quand tous les cadres de la chambre à couvain sont occupés par les abeilles, sauf deux cadres extrêmes, soit un à chaque extrémité, soit deux à l’une des extrémités, puis placer la seconde hausse quand la première est garnie, à moitié, de miel.
Ce conseil n’évite toutefois ni le refroidissement de la chambre à couvain chaque fois qu’on placera une hausse, ni un travail considérable pour l’apiculteur. Il devra ouvrir les ruches pour vérifier l’occupation des cadres et souvent plusieurs fois, car toutes les ruches d’un même rucher ne sont pas dans la même situation. Il devra exercer la même surveillance sur les premières hausses. Voilà des causes multiples de refroidissement de la chambre à couvain, d’irritation et de surmenage des abeilles, de surcroît de travail pour l’apiculteur.
L’abbé Voirnot et de Layens ont voulu remédier à ces maux.
L’abbé Voirnot a adopté des hausses moins élevées, de 0,10 seulement. Le refroidissement de la ruche est moins considérable lors de la pose de la hausse. Mais l’apiculteur n’a que plus desurveillance à soutenir puisqu’il doit placer plus de hausses.
De Layens a supprimé la hausse et il a donné plus de cadres à la chambre à couvain, 18 au moins, au lieu de 9. Théoriquement, les abeilles occuperont tous ces cadres au fur et à mesure de leurs besoins.
Dans la ruche Layens, la partie occupée par le couvain ne perd pas sa chaleur brutalement, mais elle en perd une partie continuellement. Le mal n’est que diminué.
Le travail de l’apiculteur, au contraire, est augmenté. L’abeille place le miel au-dessus de la chambre à couvain et un peu sur les côtés. Parce qu’il n’y a pas de hausses sur la ruche Layens, l’abeille y placera plus de miel sur les côtés. Or, l’abeille ne passe pas sur le miel pour aller chercher une place au couvain ou au miel nouveaux. Elle préfère essaimer. Dans la ruche Layens, l’abeille se bloque entre deux cadres de miel et elle essaime, comme si elle manquait de place, avec de nombreux cadres vides au-delà des cadres garnis de miel. L’apiculteur peut certainement remédier à ce défaut. S’il éloigne du couvain les cadres garnis de miel et s’il les remplace par des cadres vides, l’abeille n’essaimera pas, du moins par manque de place, mais dans ces conditions le mal est aggravé et mieux vaut les hausses des ruches verticales et pour les abeilles et pour l’apiculteur,
Avec la Ruche Populaire, parce que nous pouvons agrandir par le bas, nous pouvons le faire très tôt, en une seule fois, avec autant de hausses que le demande la force de la colonie. Nous évitons l’essaimage par manque de place, nous n’avons pas à craindre le refroidissement de la ruche ni l’irritation des abeilles et nous nous évitons beaucoup de peine. Quand nous avons procédé à cetagrandissement en avril, aux vacances de Pâques, si ces dates nous conviennent, nous laissons les abeilles à leur travail et à leur tranquillité et nous n’avons plus qu’à revenir faire la récolte en août, aux grandes vacances.
Cet agrandissement par le bas est d’ailleurs réel et laisse à la disposition des abeilles un emplacement toujours libre. Dans la Ruche Populaire, comme dans toutes les ruches, les abeilles déposent d’abord le miel à l’entrée pour gagner du temps, mais la première nuit elles le portent à sa place définitive, au-dessus et sur les côtés du couvain. La cause principale d’essaimage, le manque de place, est donc réellement supprimée avec notre méthode.
On pourra objecter qu’avec cette méthode le miel sera récolté dans des rayons qui ont contenu du couvain et qui contiennent toujours du pollen : sa qualité sera inférieure. Or, dans la Ruche Populaire, la plus grande partie du pollen disparaît avec le couvain. Il n’en reste que bien peu, comme il s’en trouve dans toutes les ruches, même dans les hausses où il n’y a pas eu de couvain.
Quant aux rayons qui ont contenu du couvain, ils ne modifient le goût et la couleur du miel que s’ils sont noirs, spongieux, parce qu’une fermentation s’y est développée. Or, si l’on observe bien notre méthode, ces rayons n’existeront pas : ils sont remplacés dès lors qu’ils sont blond foncé et avec la plus grande facilité.
Dans les autres ruches, le miel est déposé d’abord dans les cadres du bas, par conséquent dans des cadres qui ont contenu du couvain. Or, il n’est pas rare que ces cadres soient noirs, capables par conséquent de modifier la couleur et legoût du miel, car, dans ces ruches, le remplacement des vieux cadres est difficile et il n’est pas rare que l’apiculteur ne le fasse pas.
On pourra encore objecter que dans la Ruche Populaire les miels des différentes saisons sont mélangés.
Or, nous avons dit dans un autre chapitre que seuls les miels mélangés sont hygiéniques et recommandables. D’ailleurs, en réalité, les différents miels ne sont mélangés qu’à l’extraction. Dans la ruche ils sont superposés par couches proportionnées aux apports des différentes saisons et allant du haut vers le bas. Si l’apiculteur y voit son intérêt en raison des goûts de ses clients, rien ne l’empêche d’extraire de temps en temps une hausse ou même quelques rayons.
Il faut noter d’ailleurs que le miel d’arrière-saison, le plus foncé généralement, se trouvera placé au bas des provisions, par conséquent immédiatement au-dessus du groupe d’abeilles. Ce sera ce miel que les abeilles consommeront en premier et celui qui leur sera laissé à la mise en hivernage.
Dans notre ruche, comme dans les autres, i1 faut découvrir la ruche — on peut se débarrasser des abeilles par la fumée — on peut enlever une hausse entière ou les rayons séparément.
Ce n’est que dans le règlement des provisions hivernales qu’il y a une différence entre notre méthode et les autres, mais à notre avantage.
Dans les autres ruches, il est absolument nécessaire d’enlever des cadres dans la chambre à couvain, soit que la ruche ait trop de miel,soit qu’elle n’en ait pas assez.
S’il y a trop de miel, le développement du couvain au printemps pourra être arrêté — faute de place — et l’hivernage se fera moins bien. Les abeilles se placent toujours au-dessous du miel. Plus il y aura de miel au-dessus de leur groupe et plus elles devront chauffer de centimètres vides et inutiles.
S’il n’y a pas assez de miel, il faut en donner, de préférence en cadres, car dans ces ruches le nourrissement est plus difficile et moins rationnel que dans la Ruche Populaire. Conséquences : perte de temps, refroidissement de la chambre à couvain, mécontentement des abeilles. Avec notre méthode, on peut se dispenser d’enlever le surplus de provisions, car il est minime. Dans une hausse de Ruche Populaire à rayons fixes il y a 48 décimètres carrés de rayons. On doit lui laisser 36 décimètres carrés de rayons remplis de miel. La différence, soit 12 décimètres carrés de rayons, pour peu qu’il y ait du couvain, sera réduite à 3 ou 6 décimètres au plus, soit 1 ou 2 kg de miel. On peut laisser ce surplus sans grand inconvénient.
Si, au contraire, les provisions sont insuffisantes, on peut encore se dispenser de toucher aux rayons de la chambre à couvain et c’est le conseil que nous donnons. Il suffit de placer au-dessous de la chambre à couvain et sans la découvrir, une hausse où on a placé le nourrisseur. Le travail est simplifié. Nos lecteurs comprendront après ces réflexions pourquoi nous attachons une grande importance aux dimensions de la hausse. Pour respecter les instincts des abeilles, nous devons forcer son volume et sa hauteur : pour éviter à l’apiculteur des ennuis et du travail, nous devons le restreindre. Ce n’est qu’après de longs tâtonnements que nous avons trouvé la bonne moyenne.
Notre méthode de transvasement diffère des autres sur un point principalement : la destruction du couvain.
Or, le couvain est inutile pendant la miellée, parce qu’il arrivera trop tard. Les abeilles, d’ailleurs, auront le temps après la miellée d’en élever d’autre. Que dis-je, elles commenceront cet élevage le jour même de la destruction de l’ancien.
Ce couvain est même nuisible pendant la miellée, puisqu’il retient à la ruche des milliers d’abeilles qui pourraient aller aux champs. C’est pourquoi des apiculteurs éminents ont essayé d’arrêter ou de diminuer le développement du couvain pendant la miellée, même chez les colonies installées.
Le principal quand on installe une colonie c’est de lui assurer des vivres et des bâtisses. Il est donc rationnel de supprimer les obstacles qui peuvent empêcher d’atteindre ce but. Or, le couvain est un obstacle, le principal.
Ce couvain est bien une nécessité, mais secondaire momentanément, et les abeilles, nous pouvons en être certains, n’oublieront pas d’élever du couvain ni pendant la miellée ni après et d’autant moins qu’elles seront riches en miel et en rayons bâtis.
Ma méthode d’essaimage artificiel diffère des autres sur deux points. Elle évite à l’apiculteur les ennuis de la recherche de la reine et de la manœuvre des rayons. Ce travail est toujoursdifficile et dangereux. Difficile, car pour tout apiculteur la reine c’est toujours l’épingle dans la botte de foin. Dangereux, car en manœuvrant les rayons on peut écraser la reine. En tout cas, on écrase souvent des abeilles, ce qui irrite toute la colonie.
Là comme toujours, j’ai eu pour but : l’économie du temps, du calorique et du miel, et le respect de la nervosité de l’abeille. Nous avons voulu aussi que le débutant put faire ce travail aussi bien et aussi rapidement qu’un apiculteur expérimenté : il n’a même pas besoin de bien connaître la reine.
Je ne conseille pas de rechercher la reine, même pour renouveler le sang du rucher, puisqu’on a une occasion facile de donner une reine étrangère quand on fait un essaim artificiel.
Mais il peut arriver qu’on soit des années sans faire des essaims artificiels. Nous avons donné le moyen facile, rapide et certain, de trouver la reine.
Il est évident qu’on ne peut procéder ainsi qu’avec des ruches à hausses comme la Ruche Populaire.
Nous avons dit précédemment que les abeilles laissent dans la cellule où elles naissent une pellicule qui, par la multiplication, diminue le volume de cette cellule. Les abeilles qui y naissent sont nécessairement plus petites, atrophiées, moins aptes au travail, tout à fait disposées pour subir les maladies et les épidémies de leurespèce.
Or, la méthode employée dans la conduite de la Ruche Populaire permet le renouvellement fréquent et facile de tous les rayons tous les trois ans au moins. Avec cette méthode, il n’y a donc pas de petites cellules.
Le volume et le poids de l’abeille ont encore une autre importance. Ils lui permettent de recueillir pollen et nectar dans plus de fleurs. Le muflier ou gueule-de-loup, par exemple, est fermé pour beaucoup d’insectes. Les bourdons, par leur poids, arrivent à ouvrir cette fleur en se plaçant sur la lèvre inférieure. Les abeilles y arrivent aussi quand leurs cueillerons sont suffisamment chargés de pollen. Leur poids personnel a donc une influence dans la circonstance.
Chaque fois que nous ouvrons une ruche, même par les journées les plus chaudes, nous refroidissons l’intérieur de la ruche. Et ce refroidissement est d’autant plus considérable que la visite de la ruche est plus lente et que la température est plus froide. Or, ce refroidissement qui mécontente les abeilles et tend à les rendre plus irascibles, oblige les abeilles à réchauffer leur intérieur au plus vite. La conséquence est évidente : une perte de miel pour l’apiculteur, un surmenage, non prévu par la nature, une fatigue inutile pour l’abeille.
J’ai la conviction que ces visites affaiblissent aussi les abeilles, les conduisent à la dégénérescence et les rendent plus aptes à contracter toutes les maladies, non pas nouvelles, mais plus fréquentes depuis la vogue des ruches à cadres et de leursméthodes.
Or, il est évident que notre méthode évite beaucoup de visites.
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