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Les abeilles, comme tous les êtres vivants, ont leurs maladies.
Nous ne nous attarderons pas à les décrire ni à en indiquer le remède. Nous n’en dirons qu’un mot, et pour cause.
La fausse teigne se reconnaît par la présence de gros vers blancs dans les rayons et de toiles entre les rayons. Ces vers ressemblent beaucoup aux vers de la viande ; ces toiles, aux toiles d’araignée.
En réalité, la fausse teigne n’est pas une maladie. Ce n’est même pas un ennemi des abeilles. On trouve de la fausse teigne dans toutes les colonies, même les meilleures. Mais les abeilles de ces colonies ne permettent pas à la fausse teigne de s’y développer.
De fait, la fausse teigne ne se développe seulement que dans les colonies faibles ; mais elle n’est pas la cause de cette faiblesse ; elle n’en est que l’effet. La fausse teigne s’est développée dans ces ruches parce que les abeilles, trop peu nombreuses, ont été impuissantes à en empêcher le développement.
Si on suit bien mes conseils, si on supprime les colonies faibles, soit au printemps, soit à l’automne, on n’aura donc jamais de colonies faibles envahies par la fausse teigne.
La loque, elle, est une altération du couvain à tous les stades de sondéveloppement.
Les cellules renfermant les larves, au lieu d’être operculées comme il est de règle après le 6e jour, sont perforées ou désoperculées.
De plus, les larves mortes sont transformées en une masse gluante collant à tout objet introduit dans la cellule, et s’étirant en un long filament lorsqu’on retire cet objet de la cellule.
Enfin, le couvain mort dégage une odeur particulière, rappelant celle de la colle forte des menuisiers.
Je ne suis pas partisan d’un traitement curatif de la loque. J’ignore la valeur des traitements recommandés. Mais quelle que soit cette valeur, j’estime que le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Laissons l’emploi de ces traitements aux savants qui veulent poursuivre des études sur ce point. Nous nous trouvons forcément devant une colonie faible : détruisons-la comme toutes les colonies faibles et remplaçons la par un bon essaim. Nous y gagnerons du temps, de l’argent et du miel.
Mais, dans ce cas, il est préférable de détruire les abeilles par le soufre ou tout autre moyen, de brûler les rayons et de flamber sérieusement les parois de la ruche ou, mieux, de les plonger dans une eau javellisée.
On reproche à la Ruche Populaire d’interdire d’une manière presque absolue la mise en oeuvre des méthodes modernes qui sont l’avenir de notre apiculture. Or, je suis d’avis que ces méthodes modernes sont la mort de notre apiculture et que seules la Ruche Populaire et la ruche commune pourront la sauver. Je m’appuie sur les faits suivants.
L’abeille a vécu pendant des siècles dans des ruches à rayons fixes sans en souffrir.
Il n’en est plus de même avec la ruche et les méthodes modernes. « C’est un fait certain, dit Berlefech, que l’invasion de la loque en Allemagne date de la même époque que les ruches à cadres. Avant cette époque on manipulait peu les ruches, la loque était à peine connue, tant elle était rare ; mais, depuis, elle est aussi connue, qu’elle est fréquente. »
Depuis le cri d’alarme de cet Allemand, on constate dans les revues, dans les manuels, dans les réunions apicoles que les apiculteurs ont à lutter de plus en plus contre la loque. Et ils parlent, pour lutter contre ce mal, de créer un fonctionnarisme coûteux, qui sera un danger car il portera souvent le mal d’un rucher malade à un rucher sain.
N’allons pas contre les lois de la nature. Laissons les microbes accomplir leur mission, qui est de supprimer les inutiles, et donnons à nos abeilles la force de lutter contre ces microbes.
Nous voyons des hommes forts insensibles aux microbes de la tuberculose, tandis que des hommes faibles leur offrent fréquemment un terrain de développement favorable. Tous cependant ont rencontré également les microbes de la tuberculose dans les lieux publics, les tramways, les wagons, etc. Les abeilles doivent ressembler aux hommes.
Or la Ruche Populaire et sa méthode fortifient les abeilles par une sélection continuelle, par une nourriture naturelle, par la suppression de tout surmenage et par le fait même elle préserve les abeilles de la loque. Le remède préventif vaut mieux que le remède curatif.
Et je suis convaincu que les méthodes modernes, qui tendent à une production intense, conduisent tout bonnement à la déchéance de l’abeille. Depuis qu’on a forcé la ponte de la poule, il y a dans lespoulaillers des maladies qui étaient inconnues autrefois. Il en sera de même dans les ruchers.
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