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On peut prendre du miel dans les ruches, quand elles en contiennent, aussi souvent qu’on le veut. Mais parce qu’il est toujours mauvais d’ouvrir les ruches, je conseille de ne pas abuser de cette faculté.
Dans certaines régions, on récolte des miels très différents d’un mois à l’autre. Si les consommateurs n’acceptent que certains de ces miels à l’exclusion des autres, il faudra se conformer à leurs désirs et récolter ces miels séparément.
Mais, par principe, je ne conseille qu’une récolte. Même s’il y avait dans certaines ruches plusieurs hausses remplies de miel, quoique ces hausses absorbent une partie de la chaleur de la chambre à couvain, je conseille encore de ne faire qu’une récolte. S’il y a un motif de faire cette récolte, il y en a deux de ne pas la faire.
J’ai constaté un peu partout que les apiculteurs ne laissent pas assez de miel pour l’hivernage. Ils font une bonne récolte en juillet et ils manquent plus tard de miel pour leurs abeilles.
Les uns croient que la chambre à couvain a assez de miel pour l’hivernage. Il est même des apiculteurs qui ne la visitent pas. Mais s’ils se trompent ? Ce n’est pas rare.
Les autres comptent sur la seconde miellée. Elle est généralement moindre que la première. Et si elle est insuffisante ?
Les apiculteurs hésitent à rendre aux abeilles un beau miel extrait avec peine. Ils donnent du sucre. Or, le sucre ne constituepas la nourriture normale de l’abeille. Il est échauffant au lieu d’être rafraîchissant comme le miel. Ceci ne peut que nuire à l’abeille, car en hiver elle doit rester des semaines sans faire aucune déjection.
Parfois les apiculteurs laissent venir le printemps avant d’avoir distribué le sirop de sucre. Le sucre est encore nuisible au printemps ; mais le nourrissement au printemps l’est encore plus. Ce nourrissement trompe en effet les instincts des abeilles.
C’est pourquoi je conseille de ne faire qu’une récolte, fin août ou commencement de septembre. En même temps qu’on fera cette récolte de miel, on réglera les provisions hivernales. Les deux opérations n’en feront qu’une et on aura sous la main tout le miel nécessaire.
Mais, me dira-t-on, le miel de la seconde miellée sera mélangé à celui de la première. Le premier diminuera la qualité du second.
En tenant compte que la seconde miellée est moins abondante que la première, et que sa qualité est moins différente de la première qu’on ne pense généralement, ce mélange changera peu la qualité du tout.
Et ce n’est qu’au point de vue marchand que la seconde miellée pourrait diminuer la valeur de la première. Au point de vue hygiénique, elle ne peut que l’augmenter.
Les propriétés hygiéniques du miel sont, en effet, multipliées par le nombre de fleurs qui l’ont produit. Or, d’une part, le miel très blanc n’est produit la plupart du temps que par le sainfoin, l’herbe aux bêtes, sans propriétés hygiéniques, et, d’autre part, il importe de faire valoir les propriétés hygiéniques du miel, car ce n’est que par elles qu’il peut lutter avec le sucre, son redoutableconcurrent.
Dans la Ruche Populaire, le miel de la seconde miellée sera d’ailleurs moins mélangé à l’autre que dans les autres ruches, puisque les rayons sont peu élevés et les hausses peu volumineuses, et que les abeilles y placent le miel en descendant au fur et à mesure des apports.
Le miel de fin d’année se trouvera principalement au-dessus du couvain, dans les rayons qui doivent être laissés aux abeilles pour l’hiver.
La récolte du miel doit se faire à la fin d’août, au plus tard au commencement de septembre.
À la fin d’août ou au commencement de septembre, les abeilles ne récoltent plus de miel. Les fleurs disparaissent ou la température refroidie empêche la montée du miel.
C’est le moment de visiter les ruches pour se rendre compte de l’état des provisions, pour diminuer les provisions trop considérables, pour compléter les provisions insuffisantes.
Il faut comme provisions : 12 kilogrammes dans les ruches à rayons fixes. Or, 3 décimètres carrés de rayons garnis de miel sur les deux faces représentent 1 kilogramme de miel. Par ailleurs, les rayons de la Ruche Populaire à rayons fixes contiennent 6 décimètres carrés.
Avec ces données, il sera facile de se rendre compte de ce quimanque et de ce qu’il y a à ajouter ; de ce qu’il y a en trop et de ce qu’il y a à prendre.
Trente-six décimètres carrés de rayons garnis de miel sur les deux faces suffiront dans la ruche à rayons fixes.
Des provisions insuffisantes mettent en danger la vie des abeilles ou exigent un nourrissement au printemps. Or, ce nourrissement est toujours nuisible et coûteux.
Des provisions trop abondantes sont nuisibles aussi, car l’abeille n’hiverne pas sur le miel froid et humide, mais au-dessous. Par conséquent, plus il y a de miel, plus le vide à chauffer au-dessus des abeilles est considérable. D’ailleurs, l’excès de provisions gênerait la ponte au printemps.
Pour ces opérations d’automne et pour l’hiver, il importe de diminuer l’entrée de la ruche par la pose de la portière avec sa grande entrée. Dans le cas de pillage, on placerait même cette portière de façon à ne permettre que le passage d’une abeille.
Pour opérer la récolte du miel, on procédera comme il est indiqué dans les tableaux suivants, sans oublier qu’il faut avant tout assurer la vie des abeilles par des provisions hivernales suffisantes.
Dans ces tableaux, tous les cas ont été prévus. Cette opération parait donc compliquée à première vue. On peut les résumerainsi :
Enlever toutes les hausses qui ne contiennent que du miel.
S’arrêter à la première hausse où l’on rencontre du couvain.
Laisser cette hausse et celle immédiatement au-dessous.
Enlever les autres s’il y en a encore.
Compter les provisions et les compléter, s’il y a lieu. Placer à bâtisses chaudes les deux hausses laissées.
Les dimensions des hausses sont telles, qu’une hausse qui contient quelque peu de couvain ne peut contenir que peu de provisions en trop, si peu qu’il est préférable de ne pas les diminuer, mais de les laisser telles. De ce fait, une opération sur deux est supprimée : on ne diminue jamais les provisions contenues dans les hausses laissées pour l’hivernage, on les complète seulement s’il y a lieu.
Plus que dans toute autre opération apicole, à la récolte, la boîte à outils est nécessaire. On y placera les moindres débris de cire et de propolis, surtout s’ils sont humectés de miel, afin d’éviter le pillage.
Il ne doit jamais se trouver, à demeure, de miel sous le couvain.
C’est pourquoi les rayons de miel d’une hausse que l’on est obligé de placer parfois en dessous seront toujours désoperculés, afin que les abeilles prennent ce miel et le portent à meilleure place.
La hausse inférieure laissée pour l’hivernage contiendra parfois un peu de miel provenant des derniers apports. Il n’y a lieu ni de le rechercher ni de s’en préoccuper. Les abeilles le consommeront ou le transporteront dans la hausse supérieure avant qu’il soit gênant.
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